Vie chère
Ils nous piquent notre blé pour faire leur beurre
Dans les années 60, les chantres de la société de consommation, les apôtres du capitalisme promettaient le bonheur et l'abondance pour tous. Près d'un demi-siècle de progrès scientifique et technique, de développement des forces « productives », de croissance continue aurait dû concrétiser cet idéal. Or l'avenir semble se dérober sous nos pas. Et, comme l'albatros, nos ailes de géants nous empêchent de marcher... sans nous permettre de voler.
Manger, se loger, se soigner, s'instruire coûtent de plus en plus chers. Liée à inflation de certaines matières premières (blé, lait...), la hausse, présente et surtout à venir, du prix de certains produits alimentaires, conjugue ses effets avec l'augmentation des loyers, des assurances, du prix du cartable, le déremboursement des médicaments... Depuis le début de l'année, les cours du blé ont flambé de 43 %. Les réserves de céréales ne représentent que deux mois de consommation mondiale. Plus encore, au Brésil par exemple, plantations de sucre, usines de bioéthanol empêchent la culture de riz, de mais et de pois pour les plus modestes, autorisant les pouvoirs publics à chasser les paysans de leurs terres, annonçant de graves pénuries dans un futur proche. Ceux qui restent dépendent des prix fluctuants d'un marché mondial monopolisé par quelques grandes firmes agro-industrielles soutenues par des subventions publiques.
Faudrait-il se laisser séduire par les discours hypocrites et rassurants des classes politiques qui ne maîtrisent rien et qui s'acharnent à dépolitiser l'écologie pour la réduire à un engagement individuel et moral ? Assez de fatalisme ! Assez de résignation ! Le capitalisme n'a jamais, et n'aura jamais, pour préoccupation de satisfaire les besoins vitaux de l'humanité, mais de combler le désir de luxe des bourgeoisies et d'étancher la soif de consommation des classes moyennes, pourvu qu'elles soient solvables.
Aujourd'hui, ce système pénètre au cœur de l'absurde, à tel point que de nombreux dirigeants paniquent face au risque d'effondrement global. La récente crise financière a contraint les banques centrales à inonder le marché monétaire de liquidités pour éviter la paralysie du système bancaire (plusieurs centaines de milliards d'euros... qui manquent cruellement aux besoins des populations). Il ne s'agit pas d'une simple conjoncture défavorable, d'erreurs dont on n'aurait pas tiré les leçons, d'accidents de parcours, mais de la fragilité accrue d'un système de plus en plus sophistiqué, et soumis aux seuls impératifs de l'économie et de la finance. Opacité des opérations, spéculation effrénée, demande mondiale de plus en plus forte tirée par la Chine, récoltes désastreuses dues aux aléas climatiques, développement des biocarburants qui concurrencent les productions alimentaires, hausse du prix du baril de pétrole. Le cocktail devient explosif.
Nous vivons largement au-dessus de nos moyens. Le monde pourrait manquer de pétrole dans les toutes prochaines années, c'est l'Agence internationale de l'énergie, peu portée aux prévisions alarmistes, qui le reconnaît. La demande - croissante - devra s'adapter aux capacités de production - déclinantes. Plus les capacités de production diminueront, plus les prix s'envoleront : c'est l'avenir à court terme qui nous attend. Un baril entre 200 et 300 dollars vers 2015, selon certains économistes ! Il est facile d'imaginer les bouleversements sociaux qu'engendrera la fin du pétrole bon marché dans une société fondée sur… le pétrole bon marché : la vulnérabilité des plus pauvres s'accroît, les risques de conflits armés pour l'appropriation des réserves augmentent. Des pans entiers de l'activité économique vont s'effondrer, des émeutes embraseront un milieu urbain vulnérable, des millions de foyers basculeront dans la précarité, voire dans la misère.
Si le pire est devant nous, c'est parce que la croissance exigée par le capitalisme a conduit à dépasser les limites physiques de la planète. Et que propose le gouvernement ? Ouvrir les magasins le dimanche, doper l'investissement pour relancer la croissance! Pour assurer sa survie, le capitalisme est acculé à une fuite en avant permanente, et donc suicidaire. Les dégâts sont déjà considérables; ils ne peuvent que s'amplifier. Aux Etats-Unis, même des économistes libéraux commencent à douter : ils jugent la mondialisation coupable de faire perdre des emplois et d'accroître les inégalités salariales.
Parce que le capitalisme est incompatible avec la préservation de la planète, parce que nous dépassons de près de 30 % les capacités biologiques de la Terre, parce que nous dilapidons le capital dont seront privées les générations futures, nous n'avons pas d'autre choix que celui d'une sobriété énergétique, d'une décroissance. Si nous ne parvenons pas à maîtriser notre production, à modifier radicalement les rapports sociaux de cette production, à assurer le partage et la gestion commune des richesses, des pouvoirs forts (gouvernements, multinationales, mafias...) se chargeront de nous imposer des mesures draconiennes "écolo-fascistes" dont seront épargnés les privilégiés.
Naturellement, ceux-là ne se laisseront pas gentiment exproprier de ce qu'ils ont volé aux travailleurs, c'est pourquoi seule une révolution sociale ayant pour but l'autogestion et le fédéralisme libertaire permettra de partager les richesses et le pouvoir de décision.
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