Communiqué éditions libertaires
Les Editions Libertaires et le Collectif libertaire ni maitre ni bassines participent aux mobilisations contre les bassines dans notre région et l'ensemble du territoire. Suite à la manifestation contre les méga bassines qui s'est déroulée samedi 25 mars à Ste Soline, notre camarade libertaire S. est aujourd'hui entre la vie et la mort.
Nous souhaitons partager ce communiqué rédigé par les ami-e-s de S. (ce communiqué est disponible ici : https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3653) :
Communiqué au sujet de S., camarade au pronostic vital engagé à la
suite de la manifestation de Sainte-Soline
Samedi 25 mars à Sainte Soline, notre camarade S. a été atteint à la
tête par une grenade explosive lors de la manifestation contre les
bassines.
Malgré son état d'urgence absolue, la préfecture a
sciemment empêché les secours d'intervenir dans un premier temps et
d'engager son transport dans une unité de soins adaptée dans un
second temps. Il est actuellement en réanimation neurochirurgicale. Son
pronostic vital est toujours engagé.
Le déferlement de violences que les manifestants ont subi a fait des
centaines de blessés, avec plusieurs atteintes graves à
l'intégrité physique comme l'annoncent les différents bilans
disponibles. Les 30 000 manifestants étaient venus dans l'objectif de
bloquer le chantier de la méga-bassine de Sainte-Soline, un projet
d'accaparement de l'eau par une minorité au profit d'un modèle
capitaliste qui n'a plus rien à défendre sinon la mort. La violence
du bras armé de l'État démocratique en est la traduction la plus
saillante.
Dans la séquence ouverte par le mouvement contre la réforme des
retraites, la police mutile et tente d'assassiner pour empêcher le
soulèvement, pour défendre la bourgeoisie et son monde. Rien
n'entamera notre détermination à mettre fin à leur règne. Mardi 28
mars et les jours suivants, renforçons les grèves et les blocages,
prenons les rues, pour S. et tous les blessés et les enfermés de nos
mouvements.
Vive la révolution.
Des camarades de S.
Un fauteuil de compet' pour Boris
Avril 2020
Deux antennes-relais illuminent la nuit confinée
Alors que la moitié de la population du globe se confinait chez elle de gré ou de force,
un anarchiste bisontin enfourchait son vélo pour se rendre sur le Mont Poupet, dans
le Jura. C'est au sommet de ces pentes abruptes que Boris illumina des flammes de la
subversion deux grandes antennes-relais la nuit du 10 avril 2020 : celles des quatre
opérateurs de téléphonie mobile, mais également de la police et de la gendarmerie,
provoquant pour près de 100 000 euros de dégâts.
Identifié par une trace d'ADN retrouvée sur place, le compagnon sera incarcéré à la
prison de Nancy et condamné en avril 2021 à quatre ans de taule dont deux fermes.
Dans une lettre publique écrite depuis l'intérieur, il défendra son acte par sa volonté
de s’opposer à travers l’action directe à la numérisation croissante de nos vies, avec
tout le contrôle, les ravages environnementaux et sociaux qu’elle implique. Malheureusement,
alors qu'il attendait la date du procès en appel, le compagnon sera grièvement
blessé en août dans un incendie de la cellule où il se trouvait, dont l'instruction
sur l'origine et la promptitude des matons à le laisser suffoquer est toujours en cours.
C'est donc aux mains du pouvoir médical que Boris est désormais confronté depuis
plus d'un an et demi.
Août 2021-Juillet 2022
Le pouvoir médical dans ses oeuvres
Passé du service des Grands Brûlés de l'hôpital de Metz à celui de réanimation puis
des soins palliatifs de l'hôpital de Besançon, Boris a régulièrement été en butte à l'hostilité
des pontes en blouse blanche, tant il était évident pour eux qu'un anarchiste et
ex-taulard, désormais tétraplégique, ne pouvait manifester la moindre volonté autonome
sur comment il entendait être traité. Ce n’est ainsi qu’en protestant et en faisant
écrire des lettres que Boris a pu faire entendre sa farouche volonté de survivre et provoquer
la reprise d’un minimum de soins actifs. Il a aussi du se battre contre le long
refus de l'hôpital de lui fournir son dossier médical ou pour que des proches hors de
la famille puissent discuter de sa situation avec les médecins.
En réaction, un médecin du CHRU de Besançon en charge de
la situation de Boris aux palliatifs, décida en juin 2022 de faire un pas supplémentaire
dans son entreprise de démolition du compagnon en tant qu’individu : elle procéda
à un signalement auprès du Parquet de Besançon (celui-là même qui avait été
en charge de l’enquête préliminaire sur les antennes…) pour lancer une procédure
de « mise sous protection juridique » du compagnon, prétendument afin de le « protéger
» contre ses propres décisions. C'est une juge des tutelles qui suivit alors ses
recommandations en nommant une association familiale, l'UDAF, comme Mandataire
judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) chargé de prendre la main sur
l’ensemble du courrier, des comptes et futures ressources (comme l’allocation adulte
handicapé) du compagnon.
Août 2022
Solidarités et interdiction de visites
A l'extérieur de l'hôpital, la diffusion d'un appel contre l'acharnement des pouvoirs
judiciaires et médicaux sur Boris ne s'est alors pas fait attendre, en se concrétisant à
partir du mois d'août par plusieurs actions solidaires spécialement dédicacées : visites
colorées contre les murs de locaux de l'UDAF à Poitiers et à Caen ; attaques incendiaires
de bornes de recharge pour voitures électriques et d'un véhicule de Scopelec à
Toulouse ; bris de vitres d'une banque ou du siège du constructeur de taules Eiffage
dans la même ville ; incendie d'une antenne-relais 5G à Barcelone et d'une voiture de
flic à Cochabamba (Bolivie)...
Sur place, à Besançon, alors que des tracts énervés commençaient à être distribués sur
les parkings visiteurs et du personnel de l'hôpital, son directeur décida en représailles
d'une mesure drastique contre le compagnon : l'interdiction de toute visite à Boris hors
famille à partir du 19 août 2022, pour une durée indéterminée, tant que les flics n'auraient
pas identifié les auteurs du tract qui remettait en cause le pouvoir médical et
appelait à la solidarité avec le compagnon. Cette interdiction quasi-générale de visites
fut officiellement prononcée en vertu des pouvoirs de police interne à l'établissement,
au nom du fait que « [Boris] était régulièrement visité par des amis possiblement liés à
la mouvance à l'origine du tract ». Une mesure que l'hôpital fit fermement appliquer
en allant jusqu'à expulser de force à l'aide de vigiles des visiteurs qui protestaient
devant les portes verrouillées des soins palliatifs où se trouvait le compagnon. En
plein coeur de cet été caniculaire, Boris, en plus de ses difficultés physiques, se trouvait
désormais face à 4 procédures judiciaires différentes : appel du procès à Nancy pour
l'attaque des deux antennes-relais (toujours suspendu sine die au vu de son état), instruction
ouverte à Nancy suite à l'incendie de la cellule (toujours en cours), appel à
Besançon contre sa mise sous « tutelle » par l'UDAF... et un recours en référé-liberté
devant le tribunal administratif pour annuler l'interdiction de visites de l'ensemble
des proches !
Ce dernier épisode se conclura finalement deux semaines plus tard au grand dam du
CHU de Besançon, qui avait pourtant tenté un dernier coup de poker devant le tribunal
le 5 septembre... en avançant l'indécente possibilité que les personnes interdites
de visite pouvaient les effectuer en distanciel par téléphone (malgré la tétraplégie et
trachéotomie du compagnon). Ce jour-là, non seulement on apprit que le fameux
médecin-chef qui avait poukavé Boris au procureur et fait obstacle
à ses demandes – s'était mise en arrêt maladie pour un mois parce qu'elle se sentait
« menacée » par la prose anarchiste, mais aussi qu'un nouveau tract du même tonneau
avait été distribué devant l'hôpital avant même de connaître la décision du tribunal,
décision qui elle-même se révéla favorable au compagnon en fin de soirée : « la décision
du directeur du CHU de Besançon restreignant les visites du requérant aux seuls
membres de sa famille, doit être regardée, dans les circonstances de l’espèce, comme portant
une atteinte grave et manifestement illégale aux droits, à la dignité et à la vie privée
de M. X dont l’isolement dû à sa pathologie s’en trouve fortement accentué »...
Quant au volet strictement policier concernant ce tract contre lequel l'hôpital a porté
plainte pour « diffamation », précisons que la situation de Boris a été à l'ordre du
jour d'un CHSCT de l'hosto trois jours après le retour des visites afin « d'envisager
le départ de ce patient » ; que deux syndicalistes travaillant au CHU (un de Sud et
un de la CGT/NPA) ont mené une enquête parallèle dans les milieux anarchistes bisontins
en demandant un peu partout qui avait pu l'écrire et le distribuer au prétexte
qu'ils étaient « traumatisés » par les critiques portées contre leur noble institution ;
que le service com' de l'hôpital s'est mesquinement vengé de la sentence du tribunal
en relâchant trois semaines plus tard une version geignarde aux journaleux de L'Est
républicain, ce qui a valu une belle demie-page titrée « Les proches d’un ex-détenu de
Nancy en guerre contre le CHU de Besançon », où on apprenait en passant que « l’affaire
est désormais entre les mains de la préfecture du Doubs et de l’Agence régionale
de santé (ARS) ». Et enfin, début janvier 2023, un compagnon et une compagnonne
anarchistes ont été convoqués au commissariat de Besançon pour les faits de « diffamation
par tract » (toujours le même) : ils s'y sont rendus, n'ont rien déclaré, et aucune
suite à cet énième coup de pression des autorités n'a été donnée pour l'instant.
Janvier 2023
Au centre de réadaptation
Suite à la chaleureuse solidarité qui n'a pas manqué de se manifester comme suite à
l'agitation sur place, et surtout suite à la détermination de Boris de ne pas lâcher face
au pouvoir médical, la situation a finalement commencé à se débloquer à partir de
l'automne. En octobre, le compagnon a enfin reçu (au bout de plus de 8 mois) son
dossier médical sur papier et dans sa chambre. Mi-décembre, il a finalement obtenu
son transfert vers un nouvel établissement de santé loin du service palliatif de Besançon
où il n'aurait jamais dû être, cette fois situé dans un autre département de
Franche-Comté. C'est dans ce centre de réadaptation pour tétraplégie neurologique
qu'il a pu avoir sa première douche depuis un an et demi, que des soins intensifs de
kiné respiratoire ou de verticalisation sont prodigués, qu'un ergothérapeute travaille
à adapter un fauteuil à sa mesure... et qu'une sortie du cadre hospitalier est train de
se dessiner. De plus, en janvier 2023 lors d'une audience en appel portant sur les
modalités de la « mise sous protection juridique » de Boris qui avait été prononcée
par une juge des tutelles, l'UDAF qui gérait l'ensemble des comptes et le courrier du
compagnon a été dégagée en attendant une audience sur le fond.
A présent que Boris peut concrètement commencer à envisager un retour vers la rue
et le soleil, loin du lit et des appareillages qui le clouent depuis trop longtemps sous
les néons d'une chambre d'hôpital, se pose la question du soutien financier. Le besoin
immédiat, qui a été discuté avec lui et avec l'équipe médicale du centre de réadaptation,
est l'achat d'un fauteuil roulant électrique verticalisateur, fabriqué sur mesure et
adapté à sa condition, qu'il pourra diriger avec une boule placée sous son menton, en
même temps que d'autres commandes domotiques intégrées à sa structure (comme
l'ouverture de portes). A côté des soins de réadaptation actuels dans le nouvel établissement
qui souhaite une sortie du compagnon sous 6 mois, à côté des batailles
technico-administratives avec la bureaucratie d'Etat pour gratter des financements,
il est clair qu'il va tout de même falloir trouver une somme conséquente. L'objectif
est que Boris retrouve de l'autonomie avec le plus de mobilité possible grâce à un tel
fauteuil électrique sur-mesure.
« Un fauteuil de compet' pour Boris »
A Besançon ou à Paris, différentes initiatives sont en train d'être réfléchies afin de recueillir
des fonds et participer à l'opération « Un fauteuil de compet' pour Boris ». Tout
individu ou collectif anti-autoritaire qui souhaiterait à son tour organiser de façon
décentralisée un concert, un repas de soutien, un tournoi de belote, une discussion
ou autres joyeusetés afin de verser sa contribution à cette opération est évidemment
bienvenu !
Le compagnon s'est coordonné avec deux lieux pour récolter le flouze. Il peut soit
être expédié par chèque ou virement (écrire à retourausoleil@riseup.net), soit être
déposé à :
Bibliothèque Libertad – 19 rue Burnouf – 75019 Paris
Librairie Autodidacte – 5 rue Marulaz – 25000 Besançon
Au cours de toutes ces épreuves, Boris n'a pas cessé de se battre avec les moyens dont
il disposait, tout en continuant de défendre ses idées anarchistes. Après 11 mois de
taule et 18 mois de lourde hospitalisation, un premier bout du tunnel se profile enfin
vers la sortie : pour qu'il puisse rugir à nouveau parmi nous, aidons-le à s'offrir ce
fauteuil de compet'...
Des anarchistes solidaires et complices de Boris
mars 2023