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Expériences concrètes

22 Décembre 2011 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #luttes sociales

Lundi 19 décembre, dans l'émission de Daniel Mermet Là-bas si j'y suis, a été évoquée la commune andalouse de Marinaleda (2 700 habitants), où se pratiquent depuis plus de 30 ans collectivisation des terres, démocratie directe, salaire égal pour tous... :

http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2329

 
                           Marinaleda, utopie égalitaire ?

 

“Il nous a fallu trente ans pour en arriver là. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce sont nos solutions qui marchent. La spéculation immobilière, elle, ne pouvait rien donner de bon. C’est la cupidité qui a plongé le monde dans la crise. Les gens sont surpris lorsqu’ils voient qu’ici il n’y a presque pas de chômeurs et que tout le monde a sa propre maison. Mais c’est pourtant ça qui est normal. Ce qui n’a pas de sens, c’est ce qui se fait ailleurs. Et qu’on ne vienne pas me dire que notre expérience n’est pas transposable : n’importe quelle ville peut faire la même chose si elle le souhaite.”

 

L’aventure a commencé il y a trente ans, quand les habitants ont décidé d’appliquer à la lettre le slogan “la terre appartient à ceux qui l’exploitent” et de confisquer 1 200 hectares en friche appartenant au duc de l’Infantado – un coup de force qui a valu aux habitants de Marinaleda plusieurs années de lutte, de manifestations et de batailles judiciaires. “Le taux de chômage était très élevé, le peuple avait besoin de ces terres, explique le maire. Nous les avons utilisées pour construire l’usine de conserve de légumes qui fonctionne toujours et qui a presque permis d’éliminer le chômage. Cela a changé la vie de beaucoup de monde ici.”

 

Le système est simple : les habitants ont créé une coopérative qui ne redistribue pas les bénéfices. “On a tout réinvesti pour créer encore plus d’emplois. C’est aussi simple que cela. Chacun a ce qu’il lui faut pour vivre, et c’est tout.” Le salaire des travailleurs (“de tous les travailleurs, quel que soit le poste qu’ils occupent”) est de 47 euros par jour, six jours par semaine, à raison de six heures et demie de travail quotidien – c’est-à-dire 1 128 euros par mois. Mais, en regard, lesdits travailleurs n’ont pas beaucoup de dépenses, car ceux qui se sont inscrits au plan de logement de la mairie paient 15 euros par mois pour leur maison. “Les maisons sont construites sur des terrains municipaux. Celui qui fait la demande s’engage à construire sa propre maison, mais il est aidé par un chef de chantier et un architecte rémunérés par la mairie. Nous avons un accord avec le gouvernement régional d’Andalousie, qui fournit les matériaux. En deux ou trois ans, les travaux sont terminés, la maison appartient à celui qui l’a bâtie et il n’a plus qu’à payer 15 euros par mois.” Un prix dérisoire pour une maison de 90 mètres carrés qui peut être agrandie au fur et à mesure que la famille s’élargit.

 

Le plein emploi et les logements à prix imbattable sont probablement les aspects les plus visibles de la politique municipale, mais Marinaleda réserve d’autres surprises. Exemple : il n’y a pas de policier. “Nous en avions un, mais nous avons décidé d’économiser ce salaire quand il a pris sa retraite.” N’y a-t-il donc pas de délinquants à Marinaleda ? “Il n’y a pas de vandalisme, par exemple, parce que tout a été construit par les gens du village. Si un jeune ou son père ou un ami a installé un banc, il n’y a pas de raison de le dégrader ou d’y faire des graffitis, non ? Le fait que les budgets soient approuvés par tous contribue également à l’absence de délinquance”, poursuit-il.

 

La confiance de ses administrés, Sánchez Gordillo la doit peut-être aussi à sa gestion de la mairie. “Avant d’accepter le mandat, nous devons nous engager par contrat à toujours être les derniers à percevoir un quelconque bénéfice. C’est-à-dire que si nous décidons, lors d’une assemblée, d’attribuer de nouvelles maisons et qu’un élu en a besoin, il sera toujours le dernier sur la liste. Pour ce qui est de la rémunération, nous ne touchons rien du tout. Je n’ai jamais rien touché pour faire de la politique. Je suis enseignant et c’est de ce travail que je vis.”

 

Juan Manuel Sánchez Gordillo maire depuis 30 ans

"Les moissons de la révolte" de Richard HAMON et Allessandro STELLA - 2006 -durée : 52 mn

 

Une histoire de l'Espagne à travers la question de la terre :

70 ans après le coup d'Etat de Franco, les paysans Andalous demeurent soumis, pour une large majorité, à l'arbitraire des grands propriétaires terriens : ils sont, aujourd'hui encore, engagés comme journaliers, ce qui signifie pour eux misère, précarité, soumission et parfois révolte. Au

temps de la République, en 1933, les paysans Andalous s'étaient soulevés, la réforme agraire que la République avait promise ne voyant pas le jour.

A Casas Viejas, après une révolte, 22 journaliers furent massacrés par la garde civile, pour l'exemple. Et comme le dit Abel Paz « L'Espagne toute entière est devenue Casas Viejas ».

A Casas Viejas, la mémoire de ce massacre reste vive. Et si l'injustice règne toujours dans les champs, certains paysans se sont organisés pour travailler autrement. Ils ont conquis des terres sur les domaines de grands propriétaires, fondé des communes agricoles et crée des coopératives. De façon pacifique, par une lutte quotidienne et en faisant appliquer la loi. Ils ont parachevé l'idéal égalitaire, pour lequel avaient lutté leurs parents, au temps de la République et de la guerre civile.

A Marinaleda, selon les slogans peints sur les murs, « l'utopie égalitaire est en marche ».

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