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Articles récents

Marche de nuit

19 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Info (s)

Marche de nuit
Ce jeudi 19 Septembre à 21h place de la Révolution, manifestation nocturne.

Pour mettre en évidence un problème qui touche principalement les femmes.
En effet à la tombée de la nuit, et parfois plus tôt, certaines d'entre
nous appréhendent de sortir de peur d'être interpelée, importunée, ou
pire, agressée. L'idée est de revendiquer le fait que l'espace public
appartient à chacun-e et que sortir le soir est un droit, pas un défi.
Femmes et hommes sont conviés à cette manifestation !
La vie des femmes ne s’arrête pas à la tombée de la nuit et l’égalité
n’attend pas, qu’il s’agisse : du monde du travail ; des instances
démocratiques ; des médias ; de la rue ; de la nuit !
Venez nombreuses et nombreux faire entendre vos voix!

Marche de nuit
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Rentrée libertaire 2013

19 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #A lautodidacte.org

Ce samedi 21 septembre à l'Autodidacte

débute la rentrée libertaire 2013 à Besançon

Pour commencer:

- Pôt de rentrée à 17h00

- concert des Fées Minées à 19h00

- Hélas la réunion publique sur la Tunisie est reportée. (L'état français ayant refusé des visas à nos camarades tunisiens)

Rentrée libertaire 2013
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Le Monde Libertaire Hors-série n°51

17 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA

Le Monde Libertaire Hors-série n°51

septembre-octobre 2013


Sommaire
Dossier: le travail pour quoi faire ?
Le travail aujourd'hui: l'incertitude programmée, par Ramón Pino groupe
Salvador Seguí, page 4
Le «fruit intégral de son travail», par Eric Vilain, page 10
«L'usine crève moi je suis en vie», propos recueillis par Fred groupe
Saint-Ouen 93, page 16
Le rapport au travail dans l'Antiquité gréco-romaine, par Olivier Sartre
CNT Vignoles, page 22
Vers l'abolition libérale du salariat, par Guillaume Goutte groupe
Salvador Segui, page 26
Santé et travail, par Moriel, page 30
Le travail sur la bobine, page 32
Porfolio, page 36
Les maisons médicales belges autogérées, propos recueillis par Karine
groupe Claaaaaash, page 42
Le mouvement Désobéissance, par Loran Groupe Béthune-Arras, page 47
Istanbul: en direct de la place Taksim, par Françoise et Joël, Maldoror,
page 48
Lectures, page 50
Musiques: l'1consolable, propos recueillis par Karine groupe Claaaaaash,
page 52
Programme de Radio Libertaire, page 60
Les 108 groupes et liaisons de la Fédération Anarchiste, page 61
Abonnements, page 64



Editorial du Monde Libertaire Hors-série n°51


C'est la rentrée. On reprend le boulot. On recommence à marner semaine
après semaine pour gagner sa croûte, pour payer son toit, pour consommer.
La rentrée, c'est aussi la rentrée sociale. Le sujet de cette rentrée
sociale (comme des dernières) est la réforme des retraites. Sans entrer
dans le détail, il va encore s'agir d'augmenter le temps de travail fourni
au cours d'une vie. Fourni pour quoi ? Pour qui ? L'organisation du
travail est constamment pensée et optimisée. Mais pas par ceux qui
fournissent le travail ; et la variable qu'on cherche à optimiser n'est
certainement pas l'émancipation du travailleur.

Les usines de construction automobile, dès les années 20, ont mis en
application les théories sur la rationalisation du travail (Taylor, Ford).
Taylor prônait de diviser le travail verticalement (les concepteurs en
haut et les exécutants en bas) et horizontalement pour minimiser les
doublons et les ambiguïtés. Ford a augmenté la division horizontale en
parcellisant le travail. La productivité s'en est trouvée augmentée et les
ouvriers un peu plus dépossédés de leur autonomie et de leur compétence.
Le prix de revient, donc d'achat pour le consommateur, est amélioré au
détriment de l'ouvrier.

Maintenant, dans tous les secteurs on déplore toujours plus les
raisonnements gestionnaires menés par des décideurs qui ne connaissent pas
le cœur de métier. L'individu est contrôlé à coup d'indicateurs, de
mesures de performance. Les travailleurs sont pressurisés, sommés de
cravacher mieux que le voisin, de turbiner plus rentable pour moins cher.
Le travailleur est une ressource pillée comme les autres. Les travailleurs
ne reconnaissent plus leur travail. En voyant les vagues de dépressions
nerveuses voire de suicides au boulot, on se rappelle l'origine du mot «
travail » (tripalium, un instrument de torture).

Encore cette année, un des orateurs de l'université d'été du MEDEF a été
le commandant de la légion étrangère. Le discours des idéologues de
l'entreprise ressasse un vocabulaire guerrier de conquête, de compétition.
Et ils radotent que le coût du travail est trop élevé. Ils demandent
toujours plus d'engagement de la part des salariés et revendiquent de
pourvoir virer qui ils veulent sur un claquement de doigts, au nom de la
compétitivité. Et ces parasites grignotent chaque année un peu plus ce
qu'ils sont censés reverser à la collectivité. Et ceux qu'on désigne à
longueur de bulletin d'information sont les chômeurs.

Dénoncer cette dichotomie entres possédants et exploités ne suffit pas.
Aucun ponte, aussi puissant soit-il, ne serait capable d'asservir toute la
main d'œuvre qu'il emploie sans le concours de la hiérarchie
d'intermédiaires, de chefaillons ni des flics qui tabassent les ouvriers
qui osent se révolter. Comme à chaque rentrée sociale, on va voir des
travailleurs défiler derrière la sono qui hurle que « c'est pas à l'Élysée
ni à Matignon qu'on obtiendra satisfaction », dans des manifs décidées par
les partenaires sociaux (partenaires qui vont à Matignon et à l'Élysée,
eux). C'est à se demander si c'est utile de s'accrocher à une usine de
merde ; s'il ne vaudrait pas mieux faire crever tous ces lieux
d'asservissement tant qu'on est encore en vie, envoyer bouler cette
hiérarchie syndicale et productiviste.

Il paraît que, dans les années 30, Keynes avait prédit qu'à la fin du
XXème siècle, les technologies seraient suffisamment avancées pour qu'on
envisage ne travailler que 15 heures par semaine. On en est loin. Et
pourtant... est-ce qu'on n'arriverait pas à vivre beaucoup mieux en
travaillant beaucoup moins ? Pour ce numéro de rentrée, le Monde
Libertaire Hors-Série s'est penché, dans son dossier principal, sur le
thème du travail.


Le Monde libertaire Hors-série, bimestriel de la Fédération anarchiste,
adhérente à l'Internationale des fédérations anarchistes

64 pages d'actualités en couleurs vues par les anarchistes pour cinq euros

http://www.federation-anarchiste.org

En vente à l'Autodidacte 5 rue Marulaz 25000 Besançon

Ouvert le mercredi de 16h00 à 19h00 et le samedi de 15h00 à 19h00

Le Monde Libertaire Hors-série n°51
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Autogestion au Venezuela

15 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Education

Plutôt que de s’extasier sur le prétendu modèle chaviste du Venezuela, les observateurs de « gauche » devraient parfois décaler leur regard sur le côté.

Dans l’État de Lara, un réseau coopératif mène sa barque autogérée depuis 40 ans avec un millier de travailleurs et des dizaines de milliers de membres. Reportage sur:

http://cqfd-journal.org/Cecosesola-la-reflexion-permanente

Autogestion au Venezuela
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Le Monde Libertaire n° 1714

13 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA

Le Monde Libertaire n° 1714 du 12 au 18 septembre 2013

«Il n’'y a pas de honte à préférer le bonheur.»
Albert Camus

Sommaire:


Actualité
Retraites : pas de résignation, par Fabrice, page 3

Toujours tout pour le patronat, par Fédération anarchiste, page 4
La presse libre renaît à Cuba, par D. Pinos, page 5
Météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6
Des boulots bidons, par D. Graeber, page 7
Arguments
Le pouvoir disciplinaire au travail, par S. Neumayer, page 9
Plantes GM : le piège à cons, par M. Silberstein, page 12
Histoire
Syndicalistes et libertaires, par H. Lenoir, page 15
À lire
Des pirates et des bûchers, par A. Bernard, page 16
Entretien
Les Éditions libertaires vous parlent, par T. Guilabert, page 17
À voir
Exposition Chaissac-Dubuffet, par P. Salcedo, page 19
Le mouvement
Colloque : liberté et anarchie, par Daniel, page 21
Illustrations
Aurelio, FYD, Kalem, Krokaga, Lardon, Rouliès, Valère

Editorial

La rentrée sera-t-elle chaude en France ? On est plutôt dans le tiède ; la
même question ne se pose pas pour la Syrie. Là-bas, c'’est brûlant. Tant
qu'’il n'’était fait usage que d'’armes conventionnelles, les consciences
occidentales se sont accommodées de la situation, mais si l'’emploi d'’armes
chimiques par le régime de Bachar al-Assad contre sa population s'’avère
exact (en ces temps de manipulation de l'’image, le doute est toujours
permis), le risque d'’intervention militaire des Occidentaux va se
préciser.

Sans les Britanniques (pour leur parlement c'’est « no » au Premier
ministre, Cameron), probablement avec les États-Unis (quand leur congrès
aura approuvé la décision du président, Obama) et sûrement avec la France
de François Hollande, encore ébloui de ses succès militaires au Mali et
promu provisoirement « gendarme du monde » avant l'’entrée en action des
forces étasuniennes.

Et, une nouvelle fois (comme en Irak, Libye, Égypte), se pose le dilemme :
aider à abattre un dictateur sanguinaire ou ne rien faire qui puisse
favoriser l'’arrivée au pouvoir d 'une coalition dont une des composantes se
réclame d'un islamisme radical ? Qui va-t-on aider réellement dans cette
coalition des rebelles ? Dans quelle union sacrée veut-on encore nous
entraîner ? Et si l'’on se réjouira tous de ce que l'infâme Al-Assad
dégage, il est probable que son remplaçant nous fasse rire jaune.

Et, au milieu, c'’est toujours le peuple syrien qui en prendra plein le
buffet. Pendant ce temps, les images de combats inondent nos écrans TV
occultant ainsi tous nos « petits » problèmes hexagonaux : chômage,
précarité, remise en cause ininterrompue des acquis sociaux, du Code du
travail, du système de retraite… N'’oublions pas : ici comme ailleurs,
aujourd’'hui comme de tout temps, les bruits de bottes ont toujours servi à
escamoter le problème social.

Le Monde libertaire, hebdomadaire de la Fédération anarchiste, adhérente à
l'Internationale des fédérations anarchistes
Chaque jeudi en kiosque, 24 pages d'actualités en couleurs vues par les
anarchistes pour deux euros cinquante
http://www.federation-anarchiste.org
Retrouvez le site web du Monde Libertaire à l' adresse suivante:
http://www.monde-libertaire.fr

En vente à la librairie associative l'Autodidacte 5, rue Marulaz 25000 Besançon

Ouvert le mercredi de 16h00 à 19h00 et le samedi de 15h00 à 19h00

A bientôt

Le Monde Libertaire n° 1714
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Rentrée libertaire 2013

9 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Rendez-vous

Rentrée libertaire 2013
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Non à l’intervention en Syrie

8 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Communiqués

Non à l’intervention en Syrie

Non à l’intervention en Syrie Non à l’intervention en Syrie Non à l’intervention en Syrie

Non au néocolonialisme français


L’ OPINION PUBLIQUE INTERNATIONALE fait en ce moment l’objet d’un matraquage médiatique sans précédent destiné à la convaincre de la légitimité d’une attaque contre le régime de Bachar el-Assad en Syrie. Le prétexte d’une telle intervention est l’usage de gaz toxiques dont aucune enquête pour l’instant n’a fourni la preuve qu’elle a été ordonnée par le gouvernement syrien. Rappelons-nous les « armes de destruction massive » irakiennes que personne n’a jamais réussi à trouver. Les États soumis au pouvoir des grandes multinationales bafouent la légalité juridique qu’ils ont eux-mêmes instituée, puisqu’ils veulent engager les attaques sans avoir consulté les Nations Unies. Le président français dispose du pouvoir invraisemblable de lancer des agressions contre d’autres pays sans consulter ni le Parlement ni les électeurs !!! Le gouvernement français joue dans cette affaire le rôle de supplétif du gouvernement des États-Unis, François Hollande cherchant sans nul doute à faire oublier le bilan catastrophique de son mandat, le déni de toutes les promesses qu’il avait faites et la régression sans précédent des droits sociaux qu’il met en place. Fort de son aventure néocoloniale au Mali, qui n’a jamais été motivée par le souci de la démocratie mais par la nécessité de protéger les nombreuses sociétés françaises qui exploitent le pays, il veut maintenant jouer à la grande puissance avec des moyens qu’il n’a pas. Une intervention prétendument humanitaire des États-Unis et de la France ne pourra conduire qu’à une extension de la guerre civile en Syrie. Des forces politiques extrêmement complexes, des intérêts économiques violemment antagoniques s’affrontent dans une véritable guerre qui oppose les puissances occidentales, États-Unis en tête, d’une part, et de l’autre l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais, avec la Russie et la Chine jouant les arbitres. D’ores et déjà, nous n’avons plus affaire à une guerre civile mais à une guerre internationale larvée qui ne demande que le bombardement de la Syrie pour devenir une guerre ouverte. Pour les États-Unis il s’agit d’éliminer toutes les forces qui s’opposent encore à leur mainmise sur la région. L’élimination de la Syrie, puis du Hezbollah libanais, est une étape vers une guerre contre l’Iran. Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est d’une guerre non déclarée entre les États-Unis et l’Iran alors même que le nouveau président Rohani a été élu sur la promesse de retisser des liens avec l'Ouest et de rechercher un accord sur la question syrienne, ce dont l’administration US ne veut tenir aucun compte. En restant indifférents aux menaces de guerre auxquelles le gouvernement Hollande s’associe stupidement, nous nous ferions les complices d’une escalade sans précédent : il faut être d’une naïveté extrême pour imaginer qu’on peut renverser un régime comme celui de la Syrie sans envoyer des troupes au sol. Si cette éventualité devait survenir, les troupes occupantes auront alors à faire face à une grande multiplicité de factions armées opposées qui les pousseront à un embourbement inévitable. En Syrie, certaines de ces factions qui animent la révolte oppriment aujourd’hui la population aussi durement que ne le faisait le régime de el-Assad : corruption, racket, enlèvements et exécutions sommaires. Des groupes proches d’Al-Qaïda se voient renforcés par des djihadistes surentraînés venant d’Irak, d’Arabie saoudite, de Lybie, de Tchétchénie, voire de Tunisie. La guerre civile en Syrie n’est pas une manifestation du « Printemps arabe », qui a soulevé une sympathie générale, mais qui a été dévoyé par les mouvements intégristes musulmans. Jamais nous n’avons été si près d’une guerre régionale généralisée dont les victimes seront la population syrienne, y compris les nombreuses minorités religieuses et culturelles du pays, mais aussi l’ensemble des populations du Proche et du Moyen Orient. L’histoire a révélé que la guerre du Golfe de 1990-1991 aurait pu être évitée car des propositions de négociation avaient été faites par les différentes parties en présence, en particulier l’Égypte, mais que l’administration américaine a tout fait pour les écarter. De telles propositions de négociation et de compromis existent aujourd’hui sur la question syrienne, mais elles sont, elles aussi, écartées par les États-Unis et leur industrie de guerre. Nous, anarchistes, nous opposons fermement à une intervention militaire. Malgré notre faculté minime à intervenir concrètement, nous exprimons notre solidarité la plus totale envers l’ensemble des populations opprimées de Syrie, des deux côtés , et exprimons le vœu qu’elles seront en mesure un jour de prendre en main leur destin après avoir, ensemble, renversé leurs oppresseurs.

Non au bombardement de la Syrie

Non au néocolonialisme français

La France ne doit pas devenir un supplétif des États-Unis

Relations internationales de la Fédération Anarchiste, 8 septembre 2013.

http://www.federation-anarchiste.org/ relations-internationales@federation-anarchiste.org lfa@federation-anarchiste.org

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Normand Baillargeon

8 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Education

Normand Baillargeon

Q : Vous nous offriez il y a quelques années, aux éditions Lux, le « Petit cours d’autodéfense intellectuelle ». Comment avait germé l’idée de cet ouvrage ? Et s’il y a besoin d’un tel manuel, qui est l’agresseur ?

Ce livre est le point de convergence de deux de mes intérêts majeurs. Le premier est mon intérêt pour ce que l’on appelle en Amérique du nord la pensée critique (critical thinking), laquelle est intimement liée au scepticisme contemporain, dont Martin Gardner est la figure de proue. Le deuxième est cet idéal, qui n’est pas propre aux anarchistes mais qui est partagé par toutes celles et tous ceux qui prennent au sérieux la démocratie : c’est l’idée qu’elle demande minimalement, pour être pleinement réalisée, des citoyens éclairés et capables de penser par eux-mêmes, d’argumenter et de prendre part de manière constructive à ce qui est, en somme, une conversation. Le livre est né du désir de contribuer, même modestement, à la mise à disposition de toutes et tous d’outils citoyens de pensée critique. Ce qui menace cet idéal, c’est notamment la propagande sous toutes ses formes et en particulier sous ses formes pernicieuses et institutionnalisées, par exemple dans les médias de masse ou les firmes de relations publiques; mais ce peut être aussi l’éducation si et quand, hélas, elle se mue en instrument d’endoctrinement.

Q : Dans « L’ordre moins le pouvoir », vous nous éclairez sur la pensée anarchiste. Selon vous, quels sont les préjugés les plus néfastes dont est victime ce courant de pensée, et pourquoi tant de « haine » à son encontre ?

L’anarchisme est un projet de transformation radical de la société et en particulier du politique et de l’économique, de leur transformation dans une direction dans laquelle toute forme de pouvoir illégitime serait idéalement abolie. En ce sens, il dérange, bouscule et remet en question nombre de certitudes entretenues par les pouvoirs. Pensez seulement à ce que cet idéal implique en économie, où nombre de nos actuelles institutions sont littéralement totalitaires et au sein desquelles des êtres humains vivent sous un régime d’esclavage salarial, pour reprendre une vieille expression qui n’a rien perdu de sa pertinence. On dépeint donc trop souvent l’anarchisme comme destructeur, nihiliste et ainsi de suite, mais cela est profondément trompeur et tient entre autres à l’oubli de ce qu’a été cette tradition, de sa richesse, des nombreuses et variées pratiques et idées constructives qu’il a mises de l’avant. De ce point de vue, les anarchistes ont beaucoup à faire, en renouant avec ce programme et en faisant valoir de nouveau la pertinence de leurs idées — en certains cas en les adaptant au monde actuel, par exemple en proposant des visions crédibles, constructives et attirantes d’institutions économiques, politiques, éducationnelles correspondant à leurs idéaux.

Q : Le monde de l’époque des premiers théoriciens de l’anarchisme n’est plus le nôtre. Là où hier l’Etat était le principal appareil de domination de la classe dirigeante sur le peuple et la cause des principales injustices, à l’heure de la mondialisation la donne a évolué. Ne faut-il pas aujourd’hui reconsidérer la situation et rechercher la cause des causes afin de comprendre les origines des injustices et inégalités à travers le monde. Vous semblez avoir fait ce cheminement en soulignant que le capitalisme financier oblige à reconsidérer la position de l’anarchisme face à l’Etat. Pourtant on remarque que les libertaires communient un peu partout avec les libéraux, en ouvrant une voie royale au capitalisme le plus violent avec ce que Michel Clouscard appelait le Libéralisme-libertaire.

Il y a d’abord ici un grand danger d’incompréhension mutuelle que je veux souligner et qui tient à ce que la situation est quelque peu différente en France et en Amérique, d’une part, et que, d’autre part, le mot libéral n’a pas le même sens des deux côtés de l’Atlantique. Ici, le libéralisme, désigne surtout, jusque dans le langage courant, une doctrine politique plutôt de gauche — et Chomsky peut même, légitimement, définir l’anarchisme comme une radicalisation de ce libéralisme politique. Chez vous, libéral renvoie surtout à une doctrine économique qui est, de facto, un régime de socialisation des risques et des coûts et de privatisation des profits avancée sous un vernis idéologique vantant le libre-marché et prônant son universelle extension. Ce à quoi nous assistons a commencé il y a plus d’un siècle avec la reconnaissance du statut juridique de personne légale aux corporations et a pris un tournant radical avec le démantèlement des fameux Accords de Bretton Woods et la financiarisation de l’économie. La mondialisation (on peut préférer dire : la globalisation) de l’économie porte ces deux caractéristiques (montée en puissance des corporations et détachement de l’économie virtuelle et de l’économie réelle, avec prééminence de de la première) à des points culminants. Dans les deux cas de figure, la collaboration de l’État est cruciale et, en l’accordant, il continue à jouer le rôle qui n’a cessé d’être le sien. Mais il se trouve aussi que des acquis importants gagnés par les citoyens au cours de l’épisode keynésien restent présents et ils font, comme on devait s’y attendre, l’objet d’un assaut de plus en plus soutenu de la part des institutions dominantes de notre temps — corporations, marchés, marchés financiers. Ce sont des acquis comme la retraite, les soins de santé, l’éducation, des universités indépendantes et ainsi de suite. Sur elles, à travers l’État, les citoyens ont encore un certain pouvoir. Se porter à leur défense, fusse en défendant l’État, ne saurait être une position dogmatiquement refusée a priori. Partant de là, il reste à examiner les situations au cas par cas, en prenant les meilleures décisions stratégiquement parlant. Ce n’est pas facile. Mais il s’agit en quelque sorte de jouer le libéralisme politique contre le libéralisme économique.

Q : Vous intervenez dans le documentaire « L’encerclement, la démocratie dans les rets du néolibéralisme ». Notamment sur la question de l’éducation. On pourrait dire que vous militez pour un « Éduquer sans endoctriner ». Pouvez-vous nous parler de votre idée de « l’éducation » et nous faire part de vos sentiments sur l’école d’aujourd’hui.

Je défends une vision appelée libérale de l’éducation — libérale en un sens différent des deux autres de ce mot, qui est celui qu’on donnait souvent à l’éducation dans la tradition occidentale, par exemple en parlant des «arts libéraux»; c’est de cet idéal éducationnel que parle Montaigne quand il évoque une éducation qui libère, ce qui est l’origine de cette appellation. L’endoctrinement, qui est à l’éducation ce que la propagande est au politique, est bien entendu un ennemi juré d’une telle éducation : celle-ci ambitionne de libérer, tandis que l’endoctrinement veut nous enchaîner dans des idées auxquelles on adhèrerait inconditionnellement. L’école est un moyen, parmi d’autres mais privilégié, de dispenser de l’éducation. Elle accomplit plus ou moins bien sa fonction, d’autant qu’outre sa fonction d’éducation, elle socialise les enfants et qu’elle fait tout cela dans une société profondément injuste et inégalitaire, ce qui limite, parfois énormément, ce qu’elle peut accomplir. En ce moment, l’école et les universités sont un peu partout dans les sociétés occidentales sommées de se transformer en profondeur pour se mettre plus encore au service des institutions dominantes : la mode des compétences, le processus de Bologne et la redéfinition des universités, l’accroissement des frais de scolarité, l’instrumentalisation des savoirs, l’orientation utilitariste de la recherche dominée par celle du profit en sont quelques unes des manifestations parmi les plus visibles. Je pense que se porter à la défense de l’éducation entendue au sens libéral du terme (acquisition désintéressée de savoirs choisis pour leur valeur formatrice et émancipatrice) et des institutions publiques qui la dispense, sans oublier les universités, est un des combats importants de notre époque.

Q : La théorie de « la décroissance » est actuellement très en vogue : qu’en pensez vous?

Les théories (il en existe plusieurs) de la décroissance appartiennent à tout un ensemble d’idées et de pratiques aujourd’hui de plus en plus répandues et qui sont autant de remises en question fondamentales en particulier de l’économie, d’une certaine idée du progrès, du consumérisme et, pour le dire rapidement, de la dissolution du politique auquel tout cela contribue. J’y vois un indice d’une prise de conscience de l’ampleur des dégâts et des problèmes que nous devons résoudre et m’en réjouis. La question est ensuite de savoir s’il est possible de pousser ces prises de conscience et ces énergies qu’elles mobilisent dans la direction de ce qu’André Gorz appelait des réformes non réformistes, c’est-à-dire dans la direction d’un changement radical de nos institutions qui est à mes yeux devenu nécessaire pour ne pas dire salutaire. Le principal obstacle est sans doute ici un repli sur soi et sur des solutions individualistes : mais il y a de bonnes raisons de penser que ce qui anime ces mouvements ne saurait en rester à ce type de solution.

Q : Orwell parlait beaucoup de ce qu’il nomma la « common decency » que Jean Claude Michéa traduit par « décence commune ». Idée que l’on pourrait rapprocher de la vision que Rousseau avait de l’homme. Un être intrinsèquement « bon » et qui sait parfaitement faire la différence entre le bien et mal, cela sans tomber dans l’angélisme. Peut-on imaginer, selon vous, que cette caractéristique humaine serait une des raisons pour laquelle l’homme est perpétuellement victime de supercheries et tromperies (car il fait de prime abord confiance) ?

Il y a, ce qui pourrait surprendre, une réponse informée par la science à ce type de question qui est (en partie au moins) celle de la possibilité, de la nature et de l’éventuelle valeur positive de l’altruisme. La biologie a, somme toute récemment, fait de grands progrès sur ces questions, qui sont celles des bases biologiques de la moralité, en montrant comment elles existent et le rôle crucial que jouent d’une part l’altruisme de parentèle (qui nous conduit à être altruiste pour les organismes avec lesquels nous avons des gènes en commun, d’autre part l’altruisme réciproque, par quoi, pour le dire, rapidement, nous sommes altruistes envers ceux et celles dont nous pouvons penser qui nous rendront la pareille. Comment ce dernier type d’altruisme se manifeste-t-il de manière optimale quand des organismes se rencontrent en grand nombre? Quelle stratégie est la meilleure quand il s’agit de coopérer ou non avec eux? Dans des travaux célèbres dans lesquels on peut voir une sorte de mise à jour de la réflexion de Kropotkine, Robert Axelrod a organisé des tournois dans lesquels diverses stratégies de comportement à adopter dans des situations de possible compétition ou coopération s’affrontaient — des stratégies pouvant aller de coopérer toujours, ne jamais coopérer et couvrant un immense spectre d’autres options entre les deux . De nombreuses personnes étaient invitées à rédiger un programme informatique prescrivant à des créatures leurs comportements en réaction au comportement d’autres créatures avec lesquelles ils interagissent. Axelrod les fit ensuite entrer en compétition chacune contre chacune des autres afin de voir laquelle aurait le plus de succès. C’est le plus simple et le plus court de tous les programmes qui concourut dans cette compétition qui l’emporta. Appelé Tit-for-tat, c’est-à-dire donnant-donnant, il préconise de commencer par coopérer avec l’autre créature que l’on vient de rencontrer et de continuer à coopérer si l’autre coopère , mais de ne pas coopérer si l’autre ne coopère pas et de continuer à réagir de la sorte lors des rencontres subséquentes, en répondant par de la coopération à de la coopération et à un refus de coopérer par un refus de coopérer. Bref : nous sommes (aussi) capables d’altruisme et aptes à détecter les tricheurs : il nous reste à mettre sur pieds des institutions où ces caractéristiques, qui ne seraient pas refoulées, pourraient pleinement s’exprimer.

Q : Aujourd’hui le TINA (There is no alternative) semble avoir gagné la bataille. Les médias, notamment les émissions de télé nous abreuvent de programmes ou l’on met les hommes en compétition pour devenir le chanteur à la mode de demain, devenir le meilleur chef cuisinier, devenir l’homme le plus talentueux de la terre. Les médias nous incitent à ne plus penser qu’à nous-même, et nous pousse à ériger la satisfaction des besoins individuels au dessus du bien commun. Selon vous comment pourrions-nous bâtir une société décente ?

Si je le savais avec la moindre assurance, je vous promets que je le dirais! Nous vivons dans des institutions qui encouragent l’égoïsme, qui font parfois des gagnants de gens sans scrupules et qui adhèrent sans réserve à ce que Chomsky appelle la maxime de l’époque, qui est : «Tout pour moi, rien pour les autres». Mais de nombreuses formes d’altruisme et de coopération persistent malgré tout parce qu’ils font aussi partie de notre nature et tendent à s’exprimer même dans des circonstances comme les nôtres qui leur sont souvent si défavorables. J’aime à penser que c’est de là, dans la prise de conscience de citoyennes et de citoyens informés, réunis, luttant et apprenant ensemble, que le changement social se fera, comme il est assez usuel qu’il se fasse. Il me semble enfin important de noter que si nous devons accuser le coup de nombreux reculs sur le plan politique et sur le plan économique, les gains que nous avons faits depuis un demi-siècle sur des questions comme l’égalité des sexes, l’écologie, la condition animale et de nombreuses autres sont considérables.

Q : Au fond n’est ce pas Stirner qui a gagné ?

Stirner reste un précieux antidote à d’éventuelles tendances excessivement collectivistes qu’on retrouve parfois à gauche et même à gauche de la gauche. En ce sens, il reste important et, pour moi, une référence.

Le"Petit cours d’autodéfense intellectuelle" et "L’ordre moins le pouvoir" de Normand Baillargeon

sont en vente à la librairie l'Autodidacte 5, rue Marulaz 25000 Besançon

ouvert le mercredi de 16h00 à 19h00

et le samedi de 15h00 à 19h00

Normand Baillargeon
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Rentrée libertaire 2013

6 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Rendez-vous

Rentrée libertaire 2013
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Arrêter la casse pour tout reconstruire !

6 Septembre 2013 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #groupe Proudhon - FA

Retraites : arrêter la casse pour tout reconstruire !

Il faut trouver 20 milliards d’euros en six ans pour pérenniser le système de retraite.
25 millions de salariés et patrons financent ce système. Six ans, c'est soixante- douze mois. 25 millions de salariés et patrons, en touchent : 1,8 milliard de revenus mensuels en soixante-douze mois.
20 milliards d’euros de déficit du régime de retraite financé par :

- 1,8 milliard de revenus mensuels, c'est un peu moins de 12 euros d'augmentation de prélèvements seulement jusqu'en 2020.

- 180 millions de hauts revenus patronaux, c'est un peu moins de 120 euros d'augmentation de prélèvements mensuels jusqu'en 2020.
Bref, 20 milliards d’euros, c'est à peine un quart de la fraude fiscale annuelle.

20 milliards d’euros en six ans, ce n’est rien dans un pays où la population, et surtout nos patrons, se partage 1 300 milliards d’euros de revenus tous les ans.


Pendant ce temps, les patrons se voient exonérés d’impôts et cotisations, sans remise en cause depuis le gouvernement Balladur, au nom d’une baisse du chômage qu’on attend toujours.

Pendant ce temps, on essaie de nous convaincre que ce serait bien d’avoir droit à une retraite à taux plein en 44 ans de travail au lieu des 41,5 ans actuels alors que bon nombre de personnes âgées n'arrivent plus à bosser au-delà de 55 ans.


Ce gouvernement veut juste obliger les salariés à bosser plus longtemps et se tourner vers les banques et assureurs privés que les plus modestes ne peuvent pas se payer !

La gauche au pouvoir n’est que le serviteur des financiers !


Contre un tel projet, décliné partout en Europe, il faudra créer le rapport de force et la confrontation par la grève générale. Pour la Fédération anarchiste, il est primordial de tordre le cou à la nouvelle régression que préparent le Medef, la CFDT, Hollande et Ayrault

Pour cela, les manifestations ne suffiront pas, il faudra en plus bloquer l'économie et ne pas se contenter de négocier ce que le patronat devra lâcher pour que chacun rentre gentiment dans ses pénates : le capitalisme veut nous priver de nos maigres acquis, reprenons-lui tout !


Ne laissons pas aux fascismes la chance de faire croire qu'ils sont une alternative crédible à la social-démocratie, coupons-leur l'herbe sous le pied en organisant nous-mêmes la grève générale pour gérer directement nos lieux de production et mettre en place une société égalitaire sans État ni patrons ! Construisons la grève générale !
Retraites : arrêter la casse pour tout reconstruire !

Fédération anarchiste

Arrêter la casse pour tout reconstruire !
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