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La crise des ânes

7 Septembre 2011 , Rédigé par groupe Proudhon FA Publié dans #Rendez-vous

fred philemon voilaLa crise des ânes
 
Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village.
Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait
cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le
trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux
qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine
réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là
encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les
jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait
vendirent les derniers ânes existants. Constatant qu’il n’en restait plus
un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours
et il quitta le village.
 
Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter
et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 €
l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la
semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le
prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent
 
Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent
prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les
villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au
cou, ruinés.
 
Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur
emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis
loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant
s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas
dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le
remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.
 
Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux
habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au
banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci,
après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les
dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent
proches du surendettement.
Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux
d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces
dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car
elles avaient connu les mêmes infortunes.
 
Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de
réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les
programmes sociaux, la voirie, la police municipale... On repoussa l’âge
de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on
baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était,
disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce
des ânes.
 
Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le
banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île
des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères
Marchés.
 
Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale
des maires sortants.
 
Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les
villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ? Que ferez-vous ?
 
Pour nous retrouver tous sur la place du village :
 
Samedi 15 octobre 2011
(Journée internationale des indignés)
 
Faites déjà passer cette histoire à votre voisin...
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